Histoire d'Atreia

On y papote et y boit, l'heure n'étant plus à la diplomatie.
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Torin
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Histoire d'Atreia

Message par Torin »

nos amis du site offciel viennent de finir la traduction du background d'Aion.

Il est disponible en 2 versions, une pour chaque race, présentant les différents points de vue des protagonistes.

Nous commençons donc avec l'Elysée:

Introduction

Il y a un an, en ce jour précis, ils ont débarqué. Ces monstres, ces maudits Asmodiens. Ils sont apparus d’on ne sait où, en traversant un de nos portails juste après le départ de nos légionnaires. Les lâches. Ils nous ont décimés, et même si les plus braves d’entre nous ont tenté de résister à leurs attaques, quelle chance avions-nous réellement contre ces immortels ? J’ai fui, je n’ai aucune honte à le dire, j’ai fui et je me suis cachée tandis que mes amis, mes voisins et ma famille se faisaient massacrer.

Il fallait un survivant pour se souvenir de leurs actes, car c’est grâce à eux qu’un être rationnel peut déterminer qui parmi nous sont les vertueux et qui sont les corrompus. J’ai donc fui, je me suis cachée et je suis retournée dans mon village pour aider à enterrer les morts. “Pourquoi ? Comment peut-on faire une telle chose ?”, me suis-je demandé. C’est à cet instant que j’ai réalisé à quel point je ne savais rien de l’histoire de notre planète. Peu après, j’ai commencé à chercher ce qui a pu se passer il y a tant d’années pour que nous nous retrouvions en guerre contre ceux que nous considérions autrefois comme nos frères, les Asmodiens. Dans ces écrits, vous découvrirez tout ce que j’ai pu apprendre d’Atréia, de ceux qui ont vécu et de ceux qui vivent encore sur ces terres sacrées.

Sommes-nous un peuple arrogant ? Peut-être. J’ai vu l’arrogance parmi les Elyséens tout comme j’ai vu la chaleur et la générosité. Cependant, j’ai vu les Asmodiens de mes propres yeux et ils m’ont fait goûter mon propre sang. N’est-il pas évident que ces êtres, désormais pervertis jusqu’à ressembler à de viles créatures, aient été maudits par Aion ? Est-il possible que nous autres Elyséens ayons été bénis, pour atteindre une telle splendeur ? Sommes-nous le reflet de l’environnement dans lequel nous avons survécu et habité, ou est-il notre réflexion ? Aion m’est témoin, je n’en sais rien.

Je m’appelle Rafaela, et vous trouverez mes notes de recherche ci-dessous. J’espère qu’elles vous seront utiles et qu’elles pourront vous aider à éradiquer les démons qui infestent notre monde.


Chapitre 1 - Genèse

En des temps immémoriaux, notre dieu, Aion, créa Atréia. Notre monde était magnifique, une planète pleine de vie et de couleurs, avec l’imposante Tour de l’Eternité d’Aion traversant le coeur de notre terre. A cette époque, les Asmodiens et nous n’étions qu’un seul peuple, simplement appelés Humains. Notre monde était entièrement renfermé et n’était éclairé de l’intérieur que par la douce lueur de la Tour. Elle nous nourrissait, nous apportait l’espoir et nous soutenait de toutes les manières possibles. De notre côté, nous étions entièrement soumis à notre dieu. Nous avons appris cela non seulement à travers les légendes et les histoires qui ont été transmises de génération en génération, mais aussi par les nombreux objets et inscriptions que nos archéologues ont découvert dans les sites de fouilles aux quatre coins d’Elyséa.

La raison exacte pour laquelle Aion a créé ce monde demeure un mystère. Toutefois, rétrospectivement, nous pouvons constater que notre dieu nous réservait un défi monumental, une monstruosité qu’il invoqua pour mettre à l’épreuve notre détermination, notre force et nos convictions.


Chapitre 2 – L’ère des Balaurs

Il s’agissait des drakens, des bêtes infâmes et effroyables. Plusieurs de nos paraboles les plus anciennes citent ces monstres et, la nuit venue, nous racontons aux enfants indisciplinés des histoires évoquant leur fureur épouvantable et leur soif de sang. Nous apprîmes vite à nous dissimuler, utilisant des enclaves naturelles pour échapper à leurs yeux aiguisés. Malgré tout, nous subîmes de lourdes pertes, tandis que d’autres races furent entièrement anéanties par leur offensive implacable. D’autres, comme les Maus et les Kralls, furent réduits en esclavage. Les drakens les épargnèrent afin d’utiliser leur force brute contre d’autres ennemis.

Les drakens, envoyés par Aion pour régir Atréia, gagnèrent en aplomb à mesure que leur nombre augmentait. Obnubilés par leur soif de pouvoir, ils commencèrent à oublier leur mission et même leur dieu. Nos récits parlent d’un jour particulier, lorsque les drakens changèrent brusquement. Ils devinrent plus organisés et quelques-uns acquirent une prédominance sur les autres. Nous apprîmes plus tard que les drakens avaient appelé cet événement “l’Eveil”. C’est vers cette époque que leurs nouveaux maîtres, les cinq Seigneurs Dragons, renommèrent leur race, avec le terme que nous utilisons encore de nos jours : les Balaurs.

Leur apparence et leurs compétences s’en retrouvèrent si radicalement transformées que nos ancêtres crurent avoir affaire à une nouvelle race, lorsqu’ils virent les Balaurs pour la première fois. Ce n’est qu’après les premières attaques, reconnaissant la brutalité bestiale de leurs assaillants et leur volonté implacable d’annihiler toute forme de vie, que la réalité s’imposa à eux : ces créatures, apparemment bénies par Aion, étaient bien celles qui avaient impitoyablement décimé toutes ces races sur Atréia.

Ils avaient alors déjà entièrement délaissé leur mission originelle. Dans leur arrogance et leur avidité, ils demandèrent à Aion de leur céder un pouvoir démesuré. Aion refusa de leur accorder une puissance comparable à la sienne, redoutant l’usage qu’en feraient des êtres si destructeurs. Estimant que leur potentiel était bridé par Aion, les Balaurs se rebellèrent finalement contre leur Dieu. Ils rallièrent leurs sujets les plus combatifs et menacèrent la Tour de l’Eternité elle-même.


Chapitre 3 - La Guerre du Millénium

Nos ancêtres étaient des êtres courageux qui défendirent la Tour et le dieu qu’ils vénéraient. Mais les Balaurs, avec leur force brute, les abattirent par milliers. Dans un acte désespéré, Aion créa les Seigneurs Empyréens, 12 puissants gardiens chargés de contrôler les Balaurs en maraude et de restaurer l’ordre dans Atréia. Aion synthétisa aussi l’Ether, une substance que les Seigneurs Empyréens pouvaient manipuler pour protéger leurs partisans contre les Balaurs. Cette substance servit également à matérialiser un bouclier protecteur autour de la Tour d’Aion afin que nos derniers ancêtres vivants puissent jour après jour reconstruire un semblant de civilisation.

C’est ainsi que débuta la Guerre du Millénium, un conflit qui vit les terres et créatures non protégées par le bouclier éthéré brûler et hurler à l’agonie alors que les Balaurs libéraient leurs frustrations sur tout ce qui opposait une quelconque résistance. Les écrits témoignent de la prospérité de notre peuple durant cette période alors que les Seigneurs Empyréens, aidés des humains capables de maîtriser l’Ether, combattaient les Balaurs avec bravoure. On appela ces individus les Daevas et, avec le temps, ils développèrent des pouvoirs de loin supérieurs aux simples mortels. Ils étaient virtuellement des demi-dieux et ils allaient bientôt contribuer à façonner notre avenir. Nous tendions à penser que ces êtres, capables de voler, étaient des anges envoyés par Aion pour ramener l’ordre et la stabilité dans notre monde.

La guerre fit rage pendant des années et même si nous remportions quelques victoires, le combat restait serré. Dans le meilleur des cas, même si notre camp devait finalement l’emporter, le prix à payer pour notre peuple serait insupportable.

Certains Seigneurs Empyréens, qui craignaient de s’enliser dans une guerre démoralisante, commencèrent à chercher d’autres moyens de mettre fin à cette lutte…


Chapitre 4 - Espoir

De tous les Seigneurs Empyréens, c’était Ariel, à la beauté majestueuse, qui était la plus proche de son peuple. Lors de l’un de ses premiers soirs à Atréia, Ariel descendit de la Tour d’Aion et s’adressa à nous, réunis autour d’un feu de camp. Tout le monde fut impressionné par sa patience et sa bienveillance. Elle nous dit tout ce que nous devions entendre. Les Balaurs, malgré leur puissance terrifiante, seraient incapables de traverser le bouclier d’Ether. Pour la première fois depuis de nombreuses années, nous étions à l’abri. Il existe encore des gravures dépeignant cette soirée. On y voit cette auguste silhouette féminine, se tenant les bras ouverts au milieu de son peuple qui verse des larmes de joie et de soulagement.

Si je vous parle d’Ariel, c’est parce qu’elle fut la première à reconnaître la sagesse du Seigneur Israphel, lorsque ce dernier fit sa surprenante proposition de paix. Elle avait suffisamment de clairvoyance pour comprendre que, même si nous devions finalement être victorieux, nous serions meurtris par ce conflit. Elle avait suffisamment de courage pour faire face aux autres Seigneurs Empyréens et condamner leur soif de victoire qu’elle qualifia d’orgueilleuse, à juste titre.

Comme Israphel, elle rappela que cette guerre durait depuis mille ans. Comment pouvions-nous être sûrs qu’elle ne durerait pas deux, trois ou dix mille ans de plus ? Elle comprit, tout comme Israphel, qu’en poursuivant cette guerre interminable, nous risquions de perdre plus que des vies. Nous risquions de perdre ce qui nous différenciait des Balaurs et des autres bêtes féroces qui parcouraient notre monde : notre humanité. Tout le monde savait qu’Israphel détestait les Balaurs plus que quiconque. Si même lui était capable de surmonter sa haine au nom de la paix, alors nous pouvions tous suivre son exemple. Plus encore, nous devions tous le suivre.

Il ne subsiste aucun écrit des délibérations des Seigneurs Empyréens suite à l’annonce d’Israphel, mais nous savons qu’une dispute éclata entre Ariel et les Seigneurs les plus belliqueux. Il était clair que plusieurs s’opposeraient à la décision de chercher la paix et, pour la première fois, notre front jusque-là uni se fissura.

Pourtant, même les bellicistes avides de gloire, malgré leurs diatribes et leur rage, ne pouvaient s’opposer à l’autorité d’Israphel et de Siel, les Gardiens de la Tour. Dame Ariel et les quatre Seigneurs bénis qui se joignirent à elle discutèrent âprement durant de longues heures, mais c’est le consentement de Dame Siel qui mit un terme définitif aux débats. Les Gardiens avaient parlé : la paix devait s’imposer.

Nos ancêtres se réjouirent. Comment pouvait-il en être autrement ? Le courroux grandiloquent du Seigneur Asphel et de ses séides ne pouvait être que passager. En les regardant s’enfoncer dans la nuit glaciale, nous étions tous certains qu’ils reviendraient tôt ou tard, lorsque les esprits se seraient apaisés. Notre voie était clairement tracée et nul n’oserait s’y opposer.

Ariel et ses fidèles entamèrent un chant de louanges et de remerciements envers Aion et, pour la première fois depuis des siècles, nous nous surprenions à espérer.


Chapitre 5 - Le Grand Cataclysme

Le jour de la conférence de paix, à l’aube, nos ancêtres purent contempler les cinq Seigneurs Dragons, les commandants des Balaurs, se tenant seuls à l’extérieur du champ éthéré. Dans les oeuvres qui nous restent de ce jour, ils sont dépeints comme des créatures colossales, bien plus grandes que les autres Balaurs.

Siel et Israphel, les deux Seigneurs Empyréens chargés de protéger la Tour, abaissèrent le champ éthéré et invitèrent les Seigneurs Dragons à l’intérieur pour y mener les négociations. A ce moment, ils auraient pu tous nous annihiler, mais ils choisirent de marcher paisiblement à travers nos villages jusque dans la Tour. Peut-être avions-nous gagné leur respect par notre résistance déterminée ? Peut-être Ariel avait-elle raison de vouloir leur faire confiance ? Asphel et ses séides aux visages sombres étaient présents. La conférence de paix commença et, dans un premier temps, les négociations progressaient bien.

Puis l’ignominie eut lieu, brusque et fulgurante.

Nous parlons encore des événements qui suivirent ce jour-là, et de la panique qui s’empara de nous alors que nous comprîmes une chose : les va-t-en-guerre parmi nous ne reculeraient devant rien pour parvenir à leurs fins, même s’ils devaient sacrifier Atréia toute entière. Nous vîmes Asphel se mouvoir vivement et soudainement, puis le Seigneur Dragon Vitra s’écrouler. Les Balaurs ne perdirent pas de temps avec des discours. En un instant, ce fut le carnage et le chaos.

Leur haine atteignit son paroxysme et ils se frayèrent un chemin à travers nos troupes jusqu’à l’essence même d’Aion. Les murs de la Tour tremblèrent et se fendirent, des fragments titanesques s’en détachèrent.

Ariel pleurait alors qu’elle s’efforçait de maintenir l’intégrité de la Tour. Avec ses disciples, elle était chargée d’apporter son énergie à la base méridionale de la Tour. Elle représentait le dernier rempart d’Atréia face à la destruction. Asphel et ses légions à qui l’on avait confié la protection de la partie septentrionale de la Tour, étaient sans doute trop enthousiasmés par la reprise des hostilités pour accomplir leur devoir.

En dépit des efforts d’Ariel, les Seigneurs furent défaits. Dans un gémissement retentissant, la Tour vola en éclats d’un bout à l’autre. Aion tomba.

Nos ancêtres furent pris d’une terreur indescriptible lorsque la Tour qui constituait le noyau d’Atréia vacilla et s’écroula. On raconte des histoires de foules énormes courant pour leur survie, dans une débandade généralisée.

Réalisant qu’Atréia se mourait, Siel et Israphel se sacrifièrent. Ils vidèrent leur corps de l’Ether qui était leur sang et donnèrent leur vie pour préserver notre peuple.

Des millions succombèrent au cours de cette catastrophe que l’on appelle désormais le Grand Cataclysme. Lorsque le calme fut rétabli, nous vîmes ce qu’il était advenu de notre monde : la Tour de l’Eternité, l’essence même d’Aion, était détruite, et notre monde était divisé en deux moitiés.


Chapitre 6 - Délivrance

Je fais partie des Elyséens, le peuple qui se retrouva dans la partie inférieure d’Atréia qui fut nommée Elyséa. Au début, nos yeux étaient irrités par la lumière immaculée de l’astre si proche, infiniment plus intense que la douce lueur qui émanait de la Tour avant son effondrement. Cependant, nous ne tardâmes pas à nous y adapter et à glorifier ce nouveau monde qui nous était offert. En levant les yeux au ciel, nous pouvions voir les sombres restes de la partie supérieure d’Atréia, tournant lentement et se raccrochant désespérément à notre splendide sanctuaire.

La lumière de notre nouvel astre était éclatante et elle transforma des champs autrefois stériles en des pâturages verdoyants, tout comme elle nous métamorphosa en des êtres radieux. Notre peau resplendissait de vigueur, nos coeurs étaient forts et généreux et nous trouvâmes rapidement nos marques. Certains parmi nous ne tardèrent pas à affirmer que c’était la volonté d’Aion. Nous étions les Elyséens : élus par Aion, notre dieu nous avait offert ce paradis ! En outre, ce monde était à l’abri des Balaurs. Ariel nous apprit que, lors de leur sacrifice ultime, Siel et Israphel les avaient bannis dans des limbes inexplorés.

Les Cinq Seigneurs Empyréens qui avaient suivi Siel et Israphel nous prirent sous leur aile et furent appelés les Seigneurs Séraphims. Ils racontèrent à nos aïeux les événements qui avaient mené au Grand Cataclysme, la façon dont les cinq autres Seigneurs Empyréens avaient provoqué et insulté les Balaurs, prolongeant ainsi le sanglant conflit. Ils nous expliquèrent que si ce monde, autrefois stable et harmonieux, était désormais déchiré et en proie au chaos, c’était à cause des actions de ces Seigneurs déchus et de leur chef malfaisant, Asphel.

Nous commençâmes à reconstruire nos vies ainsi qu’une nouvelle cité, digne de notre nouveau monde et de nos Seigneurs : le Sanctum. Les Seigneurs Séraphims nommèrent des Gardiens parmi les plus puissants des Daevas et nous jurâmes tous de protéger notre nouveau foyer.

Sept cent cinquante ans passèrent ainsi. Atréia connut une ère relativement paisible et nous progressâmes autant que nous le pouvions. Néanmoins, alors que notre planète commençait à peine à se remettre, les choses changèrent de nouveau.


Chapitre 7 - Les Abysses et la Légion de l’Orage

De la Tour de l’Eternité, il ne restait que deux moignons après le Grand Cataclysme : l’un dans notre monde, l’autre que l’on pouvait distinguer dans la moitié supérieure d’Atréia. La majeure partie de la tour avait été détruite et ses décombres étaient éparpillés sur les deux moitiés de notre monde.

Cependant, un jour, la terre se fissura autour de ces fragments et ces derniers se mirent à léviter dans les airs. Nous envoyâmes nos Gardiens les plus courageux pour observer ce phénomène et ils découvrirent des portails menant à un royaume mystérieux où d’énormes blocs de la tour flottaient au milieu de l’Ether qui coulait comme de l’eau.

Nous appelâmes ce monde “les Abysses” et nos Daevas s’y aventurèrent peu à peu, explorant cet environnement volatile et inconnu. Ils trouvèrent un monde qui regorgeait de l’Ether qu’Aion avait offert aux Seigneurs Empyréens, et que les Daevas avaient appris à manipuler lors de la guerre contre les Balaurs. Nous perdîmes plusieurs Daevas à cette époque : les portails étaient instables et lorsqu’ils se refermaient, c’était définitivement. Ceux qui les avaient traversés se trouvaient ainsi exilés.

Un jour, un nouveau portail s’ouvrit, plus grand et plus stable que tous les autres. Deltras, l’un de nos gardiens, le franchit avec sa Légion de l’Orage. Quelle ne fut pas sa surprise de l’autre côté, lorsqu’il leva les yeux au ciel et aperçut Elyséa, son monde natal, baigné dans une chaude lumière. Il comprit ainsi qu’il se tenait sur la moitié supérieure d’Atréia.

Prudemment, ils commencèrent à explorer cette terre étrangère qui avait jadis fait partie de leur monde. Désormais, c’était un endroit sombre et oppressant, hanté d’ombres et de soupirs. Ils y rencontrèrent les Asmodiens, nos frères et soeurs d’autrefois, qui étaient devenus des créatures infâmes et corrompues. Pire encore, ces êtres cauchemardesques étaient menés par l’un des Seigneurs Empyréens déchus, le cruel Zikel.

Dans les ténèbres, nos Daevas étaient en situation d’infériorité et ils furent vite capturés par Zikel et ses séides. Cet être, que nous avions autrefois vénéré au même titre que la puissante Ariel, écrasa Deltras sur le sol et l’enjoignit de répudier les Seigneurs Séraphims pour leur “faiblesse”. Le noble et courageux Deltras fit honneur à la dignité des Elyséens. Il refusa d’abjurer et maudit Zikel et son arrogance.

Les Asmodiens attaquèrent sans merci. Ceux parmi nous qui attendaient le retour de la Légion de l’Orage, de l’autre côté du portail, ne virent revenir que deux d’entre eux, grièvement blessés.


Chapitre 8 - Un ennemi ancien, un ennemi nouveau

Nous étions abasourdis. Nous étions stupéfaits par les transformations physiques qu’avaient subies les Asmodiens, ainsi que par le fait qu’ils eussent pu survivre dans le désert glacial au-dessus de nous. Nous mobilisâmes immédiatement nos légions et nous préparâmes à la guerre.

De plus, Aion nous réservait une autre épreuve, car un troisième portail stable s’ouvrit sur une abomination que nous avions espéré ne jamais revoir : les Balaurs. Ces derniers avaient consolidé leurs forces et avaient rappelé les Kralls et les Maus à leurs côtés. Ils avaient en outre subjugué plusieurs autres races plus faibles. Ils étaient plus furieux que jamais et c’est désormais à nous qu’il incombe de repousser leur assaut acharné.

Nous résisterons. Nous autres Elyséens représentons l’aube d’une nouvelle ère, la promesse d’un lendemain meilleur. Nous sommes la vie, et la joie de vivre. Nous sommes le poing d’acier qui frappera tous ceux qui chercheront à éteindre notre lumière.

Malgré tout, chacun d’entre nous a connu le doute, à un moment ou à un autre. Sommes-nous réellement les élus d’Aion ? Nos dirigeants sont-ils sages et honnêtes ? Pourrons-nous mener à bien notre grandiose mission, qui consiste à répandre la civilisation éclairée des Elyséens sur toute la planète ? Sommes-nous réellement meilleurs que les monstres que nous affrontons ? Et le doute le plus profond et le plus perfide d’entre tous : sommes-nous dans notre droit ?

Ces tiraillements de l’esprit ne peuvent être apaisés par le débat et la raison. Il faut faire appel à son âme. Une légende très ancienne, qui date probablement du Grand Cataclysme, raconte l’histoire d’un jeune Elyséen qui était assailli de doutes et pria Dame Ariel de lui montrer le chemin à suivre. Elle apparut devant lui dans toute sa gloire, posa sa main sur son épaule et prononça ces trois mots :

“Armes et foi.”

Que les jeunes Elyséens qui lisent ces mots en prennent de la graine. Ne perdez pas de temps en discussions et hésitations : prenez les armes au nom des Seigneurs Séraphims et frappez ! Lorsque nous marchons ensemble, l’amour de notre Dame remplissant les coeurs de nos Légion immaculées, tous les doutes s’éclipsent comme la rosée du matin.

La foi en soi est certes admirable, mais les Elyséens refusent de mourir passivement en martyrs. La force militaire seule, sans gouvernement divin, est le propre du barbarisme des Asmodiens et des seigneurs de guerre mesquins. Ce n’est qu’en joignant armes et foi au service d’Elyséa qui nous pourrons préserver la noblesse de notre vision et la promesse d’un avenir meilleur.

Nous devons beaucoup à ceux qui nous ont précédés. Siel et Israphel ont accordé un sursis précaire à notre monde. Nous pensions que leur sacrifice nous permettrait de profiter indéfiniment des richesses de notre planète, une fois que nous aurions vaincu les traîtres Asmodiens qui avaient autrefois osé prétendre être nos frères. Cependant, tout fut bouleversé lorsque nous découvrîmes, par accident, un fait terrifiant…

Atréia se meurt. Son Ether se perd dans les Abysses et finira par s’épuiser, à moins que nous puissions contrôler ce saignement. Notre monde, qui n’est maintenu que par l’ultime sacrifice de Siel et d’Israphel, finira par s’effondrer et ses deux moitiés partiront à la dérive dans l’espace. Toute vie sera éteinte en un clin d’oeil et tout ce pour quoi nous avons travaillé sera perdu.

Nos prêtres et nos théoriciens, pris de panique, se mirent immédiatement à rechercher des solutions. Ils finirent par trouver une réponse.

Les Abysses représentent un écho de la Tour de l’Eternité qui se trouvait autrefois au centre de notre monde. Leur existence est due à la puissante énergie éthérée qui circule encore entre les deux moignons de la Tour… un champ d’énergie surnaturelle, comparable au champ magnétique provoqué par les deux pôles d’un aimant. Si nous détruisons la Tour des Ténèbres, ce champ s’effondrera et les Abysses disparaîtront à jamais. Non seulement nous débarrasserions le monde de cette cicatrice sombre et béante, mais nous le sauverions aussi de la destruction et notre peuple pourrait enfin profiter du paradis que lui a offert Aion !

Il s’agit de notre ultime épreuve, le dernier obstacle à franchir avant d’être récompensés. Nous devons anéantir les Asmodiens et leur monde pathétique : nous devons sauver Atréia.

Armes et foi !

- Rafaela Semperti.
"Le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou."
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Re: Histoire d'Atreia

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Pour les asmodiens:

Introduction

Il n’en a pas toujours été ainsi. A une époque, les deux faces de ce monde formaient un tout, dans une union fraternelle. Nous avions la même apparence, les mêmes idéaux et une mission commune : protéger la Tour. Quand ils ont échoué, ils ont tout détruit. Notre monde et notre peuple ont été déchirés.

Dans la partie inférieure de ce monde, vous trouverez une existence séduisante mais futile, souillée par le péché, la cupidité, la gloutonnerie, l’orgueil déplacé et une suprême arrogance. C’est là que vivent les Elyséens, une espèce de créatures abjectes qui dévouent leur existence stérile à la destruction de tout ce qui est bon dans ce monde. Ne vous laissez pas abuser par leur apparence angélique, leur peau blafarde ne recèle que noirceur.

C’est la partie supérieure du monde qui constitue notre demeure, celle des Asmodiens. Après le Grand Cataclysme, nous fûmes précipités dans les ténèbres, dans l’inconnu, sans autre choix que s’adapter et survivre. Chaque jour, notre monde nous apprenait quelque chose de nouveau. Il ouvrait nos yeux sur de nouvelles possibilités et nous conférait une détermination inébranlable à reconstruire nos vies à nouveau. C’est grâce à cette épreuve que nous avons tant accompli. On n’a pas tous les jours l’occasion de repartir à zéro, de réparer ses torts.

Mais attendez, je m’avance trop. Il convient d’abord de me présenter. Je m’appelle Kineas et je suis un Daeva, un être créé durant la lutte acharnée contre les Balaurs. Mon peuple et moi avons fait le nécessaire pour assurer notre place légitime sur Atréia et nous ferons tout pour protéger ce qui nous revient de droit. Si les Elyséens ont soif de guerre, leur soif sera assouvie. L’époque de la paix est révolue, voici venu le temps du châtiment.

Après tout ce qui s’est produit dans notre monde, je considère comme mon devoir de faire la lumière sur les événements qui ont mené à notre situation actuelle. J’ai écrit ce journal pour narrer ces années révolues, peut-être pourrez-vous alors comprendre les causes des profonds bouleversements qu’a connus notre monde.

Lisez, lisez et apprenez ce que cela signifie, d’être un Asmodien !


Chapitre 1 - Unité

Je vais d’abord parler d’un âge qui précède le mien. Notre tradition regorge d’histoires de vertes contrées et de pâturages fertiles, d’un monde dans lequel nous pouvions prospérer et croître sereinement avec nos familles. C’était une époque où Elyséens et Asmodiens n’existaient pas encore, nous étions simplement connus sous le nom d’Humains. Atréia était une seule entité. Un tout. Tout comme nous n’étions qu’un, il n’y avait aucune division, ni entre nos mondes, ni entre nos peuples.

Des années s’écoulèrent ainsi et, au dire de tous, nos ancêtres vivaient heureux. Je ne puis réprimer de la colère à l’idée qu’ils ne célébraient pas le paradis qui leur avait été donné, qu’ils n’appréciaient pas ce monde à sa juste valeur. Néanmoins, la connaissance de ce qui s’est produit depuis confère une certaine distance et ce n’est probablement qu’avec ce recul que l’on peut comprendre les trésors qui étaient jadis les nôtres. Qui sait, même ces terres ravagées qui sont désormais notre demeure sont peut-être un paradis comparées à une autre région, quoique je peine à imaginer un endroit plus éprouvant que celui-ci.

Quoi qu’il en soit, les choses allaient brusquement changer. Nous ne doutions pas du grand cauchemar qu’Aion nous réservait, de l’abomination qui allait s’abattre et s’acharner sur notre monde, avec ses crocs fielleux et son insatiable soif de guerre


Chapitre 2 – Une création impie

Ce cauchemar, c’était les drakens, des créatures dont la seule vue inspirait la terreur. Ils étaient lourds et imposants, nos armes de fortune étaient inefficaces contre leurs peaux cuirassées. Pis encore, ils pouvaient prendre leur envol en un clin d’oeil, rendant ainsi nos maigres défenses totalement inutiles. Notre peuple apprit vite à se terrer pour échapper aux drakens. En l’absence de prédateur naturel, leur audace s’accentua à mesure que leur nombre augmentait. Bientôt, leurs sombres silhouettes, engendrées par Aion pour gouverner notre monde, écumèrent les cieux en toute liberté.

Leur soif de pouvoir était insatiable. Des races entières s’étiolèrent et disparurent sous la furie de leurs assauts. Des enfers de flammes les accompagnaient et ils ne laissaient que des ruines carbonisées dans leur sillage. Peu après le carnage initial, ces brutes commencèrent à démontrer leur intelligence. Réalisant les tendances belliqueuses des Kralls et des Maus, les drakens décidèrent de ne pas les détruire, mais de subjuguer les survivants. Ces derniers furent épargnés après avoir juré allégeance éternelle à leurs nouveaux maîtres. C’est autour de cette période que les drakens connurent une forme d’évolution. Certains d’entre eux devinrent plus grands, plus forts et plus intelligents que leurs semblables. Ces créatures prirent le nom de Dragons. Parmi eux, cinq accédèrent au pouvoir. On les appela les Seigneurs Dragons.

Les cinq Seigneurs Dragons, désormais éveillés, réorganisèrent promptement leurs forces, instaurant une hiérarchie militaire au sein de leur société. Ils décidèrent de renommer leur peuple “Les Balaurs”. Forts de leur nouveau titre, ils lancèrent un assaut avec une vigueur renouvelée, décimant les rares groupes qui osaient encore leur résister.

Pourtant, ils n’étaient toujours pas rassasiés. En quête d’adversaires plus puissants, ils se tournèrent vers le dieu d’Atréia, Aion, et exigèrent des pouvoirs équivalents à ceux de notre créateur. Lorsqu’Aion refusa, les Balaurs, aveuglés par la rage et poussés par leur avidité, se retournèrent contre notre dieu. Ils rassemblèrent leurs forces pour attaquer la Tour de l’Eternité.


Chapitre 3 - Ascension

La main d’Aion avait été forcée et en conséquence il créa douze formes appelées les Seigneurs Empyréens. Ces créatures possédaient une incroyable beauté et une immense puissance ; comme les Balaurs, elles pouvaient s’envoler grâce à une étrange substance appelée l’Ether. Notre foi en notre dieu et notre dévouement envers Atréia avaient été reconnus : ces créatures avaient été conçues à notre image et étaient venues sauver le monde auquel nous étions si attachés.

C’était le début d’une lutte inévitable, qui s’est très vite transformée en une longue guerre meurtrière. Nous nous sommes réfugiés autour de la Tour, à l’intérieur d’un bouclier éthéré que nos Seigneurs Empyréens avaient matérialisé pour nous ; mais celui-ci était petit et au-delà de ses limites, le territoire demeurait sous le contrôle des Balaurs. Nos Seigneurs Empyréens étaient affaiblis à l’extérieur du bouclier, tout comme les Balaurs l’étaient s’ils s’aventuraient à l’intérieur de celui-ci. Lorsque ces derniers réalisèrent ceci, ils amenèrent d’innocentes créatures juste à l’extérieur du bouclier et les massacrèrent afin d’inciter nos Seigneurs à sortir de leur protection. Les Balaurs étaient des êtres cruels et leurs exactions ne firent que renforcer notre haine envers leur race.

Cette ère était celle que nous avions appelé plus tard la Guerre du Millénium, une période au cours de laquelle nous autres, humains, pouvions prospérer sous les ailes protectrices de nos Seigneurs Empyréens. C’est à cette époque que je naquis et, une fois adulte, je découvris que l’Ether qu’Aion avait offert à ce monde avait une influence vigoureuse sur moi. L’Ether réagissait à moi tout comme je réagissais à lui, et bientôt mes aptitudes furent remarquées par des êtres que nous n’avions rencontrés qu’en de rares occasions. Ces êtres, ces Daevas, étaient nés humains mais possédaient une aptitude innée qui leur permettait de manipuler l’Ether utilisé par les Seigneurs Empyréens. J’appris avec beaucoup de précautions à manipuler ces pouvoirs et bien qu’au départ je ne pouvais que refroidir l’air qui m’entourait, en quelques mois, je parvins à figer mes adversaires sur place et à matérialiser des boules de feu qui engloutissaient les Balaurs. J’étais vénéré tel un dieu par ceux qui autrefois m’avaient tenu tout contre leur coeur ; ils me plaçaient désormais sur un piédestal. Moi, simple fils d’agriculteur, je pouvais faire souffrir ces Balaurs et cette sensation était enivrante. Cette bénédiction que j’avais reçue d’Aion était inestimable.

Les Daevas étaient bientôt suffisamment nombreux pour que nos Seigneurs Empyréens nous mobilisent afin de constituer une force armée. Je rejoignis la légion et gravis rapidement les échelons, laissant derrière mon fils, Phalaris.


Chapitre 4 - Lâcheté

Je gravis rapidement les échelons. Mes compétences de sorcier étaient de loin supérieures à celles des autres Daevas, si bien qu’après moins d’une année on m’avait confié le commandement de toute une légion. Les combats étaient acharnés. Même s’ils nous envoyaient souvent au-devant des Balaurs, nos Seigneurs Empyréens faisaient de leur mieux pour nous préserver. Nos tactiques et nos compétences guerrières s’améliorèrent tant et si bien que nous étions en mesure de tuer les plus jeunes et imprudents de leurs dragons avant de retourner nous réfugier derrière notre bouclier d’Ether. Rien de bien glorieux, mais l’essentiel, c’est que nous progressions, peu à peu.

Puis vint le jour qui nous bouleversa tous.

Le Seigneur Israphel, l’un des deux Gardiens de la Tour de l’Eternité, déclara qu’il était temps de faire la paix avec les Balaurs. Pourtant, il les détestait plus que quiconque. Selon lui, la raison de cette guerre n’était pas d’annihiler les Balaurs. L’essentiel était de protéger Aion.

J’étais stupéfait… comment l’un de nos sauveurs pouvait-il perdre son courage et sa détermination aussi facilement et soudainement ? Dans un premier temps, les Seigneurs Empyréens étaient consternés. La perspective de négocier une paix semblait absolument inconcevable. Apparemment, tout le monde était d’accord sur ce point. La proposition d’Israphel était absurde.

Pourtant, les plus faibles des Seigneurs ne tardèrent pas à montrer qu’ils n’avaient jamais vraiment eu l’étoffe de combattants. La notion d’honneur leur pesait comme un fardeau et ils avaient hâte de s’en libérer. Dame Ariel fut la première à capituler. Elle parla d’Israphel en des termes flatteurs, vantant sa sagesse, son ancienneté et sa bravoure. Sa bravoure ! C’est ainsi qu’elle qualifiait cette proposition de paix. Elle eut l’audace de dicter aux Daevas ce qu’ils devaient penser et comment ils devaient se comporter.

L’empressement avec lequel Dame Ariel et ses partisans oublièrent un millénaire de sacrifices était révoltant. Comment pouvaient-ils accorder si peu de valeur au sang versé par tant de nos compatriotes ?

Heureusement, l’esprit acéré d’autres Seigneurs ne s’était pas émoussé. En tant que Daeva, j’eus le privilège de rencontrer certains de nos Seigneurs, et c’est avec l’illustre et vénérable Seigneur Asphel que je connus la plus fructueuse des collaborations. Sa détermination était inébranlable et ses missions étaient toujours couronnées de succès. Ses manières et ses aptitudes étaient une source d’inspiration pour la plupart d’entre nous. Ainsi, lorsque l’insipide discours d’Ariel commença à faire flancher certains, je vis la grimace sur le visage d’Asphel et je sus que ma loyauté lui serait acquise. Il se leva pour parler et je me tins à ses côtés, ainsi que ses autres partisans. Il admonesta Ariel pour son dédain envers ceux qui étaient tombés avec honneur et dénonça l’initiative de paix, la qualifiant d’erreur et de perte de temps.

Une véritable tempête se déchaîna dans la salle. Le brouhaha résonne encore dans mes oreilles… les rugissements, la confusion, les accusations qui fusaient, la haine palpable entre les deux camps. Je vis Israphel se lancer dans un plaidoyer passionné devant Siel, qui l’écoutait d’un air grave. Israphel expliquait avec insistance que nous devions défendre Aion en construisant la paix, plutôt que par une guerre constante. A ma grande déception, je vis Siel acquiescer.

Afin de préserver un semblant de concorde, nous quittâmes tous la grande salle et laissâmes les Douze Seigneurs Empyréens à leurs débats. Je partis avec des compagnons d’armes qui comprenaient que seul le jugement d’Asphel était juste et acceptable. Les lâches, quant à eux, s’éclipsèrent de leur côté. La division entre les deux camps, les valeureux et les veules, était déjà visible.

Cette nuit-là, nous attendîmes patiemment l’issue des débats. Je m’en souviens clairement. Je fixais les incendies qui brûlaient à l’horizon et je réalisai qu’il n’y aurait jamais de paix entre les Balaurs et nous. Je repensai aux décennies de combats incessants, à ces yeux sombres et sans âme, des gouffres béants qui ne sourcillèrent pas lorsque les Balaurs massacrèrent ma famille et mes amis, sans autre raison que leur désir bestial de domination.

Je savais que Siel rejetterait la proposition d’Israphel. Je savais qu’Asphel défendrait sa cause, notre cause, et que les autres, même Dame Ariel, finiraient par s’y rallier. Je le savais. Et pourtant, lorsque les Seigneurs Empyréens finirent par émerger, la décision qu’ils annoncèrent me laissa pantois et pétrifia toute ma légion. Dame Siel avait succombé. Malgré toutes nos protestations, Israphel et elle étaient les Gardiens de la Tour et, en cette qualité, ils jouissaient de la plus grande autorité parmi les Douze. Leur décision était définitive. Nous allions devoir négocier avec les Balaurs. J’entendis Ariel jubiler de sa voix triomphante, et ses quatre cohortes entamèrent un chant de paix inepte.

Asphel s’avança, le visage déformé par la colère. Il partit et je m’envolai avec lui, suivi par un grand nombre de mes camarades Daevas.


Chapitre 5 - Le Grand Cataclysme

Ainsi, après quelques jours, une futile conférence de paix eut lieu. En signe de respect envers les cinq Seigneurs Dragons, le champ éthéré qui protégeait la Tour fut abaissé, et ils furent invités à l’intérieur de la structure colossale pour y mener les négociations. Ces quelques minutes durèrent une éternité. Je regardai mes légionnaires dans les yeux et je pouvais y lire la défiance et la colère. Eux aussi se demandaient comment nous avions pu être assez faibles pour essayer de traiter avec ces monstres qui ne cherchaient qu’à nous subjuguer. Je me tournai vers le centurion en qui j’avais le plus confiance, mais alors que j’allais m’adresser à lui, tout chavira en un clin d’oeil. Des cris, de la confusion, une débâcle générale. L’un des Balaurs était tombé et le Seigneur Asphel se tenait devant lui, le regard enflammé, prêt à se battre.

Les Balaurs se lancèrent à l’attaque. Des voix se levèrent pour implorer Siel et Israphel de rétablir le champ éthéré mais, pour la seconde fois, ils nous firent défaut. Perdus dans le tumulte, ils étaient incapables d’agir de concert pour défendre la Tour. Sous les coups de griffes des Balaurs, la Tour commença à se fissurer.

Je me souviens du visage d’Israphel, tourmenté par son sentiment de culpabilité, alors qu’il envoyait Asphel et ses légions de Daevas au nord, pendant que Siel dirigeait Ariel et les siens vers le sud. C’était notre dernier espoir. Séparés en deux groupes, chacun à une extrémité de la Tour, les Seigneurs Empyréens feraient tout en leur pouvoir pour empêcher son effondrement.

Nous tînmes bon. Mais le groupe du sud échoua, nous le savons désormais.

En un instant, notre monde fut plongé dans les ténèbres, lorsque la lumière de la Tour s’éteignit. Les gens se dispersèrent et se mirent à courir dans toutes les directions en hurlant de terreur.

Je me souviens de cet instant comme si c’était hier. Je levai les yeux et je vis des fragments de la Tour se détacher et chuter, illuminés par la lumière vacillante de l’imposante structure. Je restai figé alors qu’un énorme fragment dégringolait vers moi. Je m’en souviens clairement, car c’est le jour où j’ai découvert le don suprême des Daevas : l’immortalité.

A mon réveil, Atréia était scindée en deux moitiés. La partie inférieure baignait dans une lumière radieuse et éclatante, alors que la nôtre était engloutie par des ténèbres glaciales et inhospitalières.

Ainsi avait pris fin la conférence de paix.


Chapitre 6 - Conséquences

Peu à peu, nos yeux s’ajustèrent à l’obscurité et un groupe de survivants s’assembla. Ils étaient confus et terrifiés : nul ne savait comment nous avions survécu. J’annonçai que j’allais chercher un endroit où nous pourrions camper et nous réchauffer, puis je me dirigeai vers le moignon qui était autrefois la base de notre Tour.

C’est là que je fis une rencontre qui se révéla être une bénédiction : les cinq Seigneurs Empyréens qui avaient tenté de protéger Aion avec nous étaient là, bien vivants. Ils nous rassemblèrent tous, nous annoncèrent que le monde avait changé pour toujours et nous expliquèrent pourquoi. Nous avions payé un lourd tribut pour cette tentative de paix : nous avions perdu des millions d’âmes, ainsi que Siel et Israphel, les deux Gardiens de la Tour qui avaient consenti le sacrifice ultime pour assurer notre survie. Même si, de leur vivant, ils avaient commis une folie irréparable, ils étaient morts avec honneur, et nos pensées s’élevèrent vers eux.

Peu après, je retournai à notre camp de fortune et nous fîmes un énorme feu pour attirer les autres survivants. Au cours des jours qui suivirent, des milliers de nouveaux arrivants nous rejoignirent, abattus et meurtris. Par une chance inouïe, je retrouvai Phalaris, mon fils, alors que personne d’autre de mon village n’avait survécu.

Les jours et les semaines passèrent. Il devint clair que notre monde déchiré s’était stabilisé et que notre destinée était à nouveau entre nos mains. Aion semblait avoir disparu, tout comme l’Ether qui me donnait mon pouvoir. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais à nouveau vulnérable. Refusant de me laisser dominer par la peur, je parlai avec Asphel et nous commençâmes à faire des plans pour la fondation d’une nouvelle capitale.

Sept cent cinquante longues années s’écoulèrent, durant lesquelles je fus témoin de nombreux changements. Nous manquâmes vite de bois pour le feu, mais nos yeux s’adaptaient déjà à la vie dans les ténèbres. La construction de notre ville fut achevée et nous la baptisâmes Pandaemonium. Elle s’agrandit rapidement jusqu’à devenir une véritable cité. J’ai vu notre peuple fleurir, s’adapter et évoluer, envers et contre tout, sous la direction avisée de nos Seigneurs Shédims.

Notre évolution fut aussi physique : notre peau devint plus pâle dans l’obscurité omniprésente, et nos pieds devinrent de véritables serres à force de marcher sur un sol rêche et recouvert de débris affûtés. Des griffes poussèrent aussi sur nos mains, comme si la nature nous indiquait que plus jamais notre peuple ne serait désarmé. J’eus de la peine à accepter ces stigmates, mais ils étaient nécessaires à notre survie. Nous n’avions donc d’autre choix que de les accepter. Ils nous rappelaient sans cesse la tentative de paix mal avisée d’Israphel, soutenue par Ariel.

Durant cette période, j’ai aussi vu Phalaris vieillir, puis s’éteindre, ainsi que ses enfants, et ses petits-enfants. Tel est le destin d’un Daeva.


Chapitre 7 - Châtiment

Un jour, un fait étrange se produisit. Les Fragments de la Tour de l’Eternité qui s’étaient enfoncés dans nos terres commencèrent de nouveau à irradier de la lumière. Ensuite ils se sont soulevés pour flotter dans les airs autour de nous. Asphel demande à mon unité d’Archons, les plus puissants des Daevas, de mener l’enquête.

Au cours de nos recherches, nous découvrîmes une sorte de portail qui nous transporta dans un espace, quelque part entre Asmodae et la partie inférieure d’Atréia, où flottaient d’énormes colonnes de rochers. Dans ce monde, l’Ether qui alimentait mes pouvoirs était présent en abondance, et je fus soulagé de constater que ma force était intacte. A mon retour à Pandaemonium, je fis un rapport à nos Seigneurs Shédims. Asphel demanda immédiatement aux Archons de garder le portail. Lorsque nous lui demandâmes pourquoi, pour toute réponse, il se contenta de fixer le ciel, en direction de la moitié inférieure d’Atréia.

Deux jours plus tard, alors que nous étions en train de planifier une seconde expédition à travers le portail, nous avons constaté que nous étions sans nouvelles de nos troupes stationnées à Morheim. Zikel, notre dieu de la destruction et l’un des Seigneurs Shédims, emmena les Archons restants, dont je faisais partie, pour enquêter.

Au lieu de nos hommes, nous trouvâmes un groupe d’hommes qui prétendaient venir de la partie inférieure d’Atréia et nous reçurent toutes armes dégainées. Ces êtres ressemblaient à des anges, et bien qu’ils fussent avares de paroles, ils se permirent de prononcer un jugement à notre égard. Rendez-vous compte : ils nous accusaient d’un crime qu’ils avaient commis eux-mêmes ! Les poltrons qui avaient invité les Seigneurs Dragons dans notre tour en plein milieu d’une guerre sans merci, c’étaient eux !

Zikel ne cacha pas son indignation : il projeta ces “Elyséens” sur le sol et exigea qu’ils renaissent Nezakan, l’un des Seigneurs Empyréens qui s’était montré assez faible pour demander la paix avec les Balaurs. L’histoire avait depuis démontré qui était dans l’erreur, cracha-t-il. Ces Elyséens reconnaîtraient-ils l’erreur de leur Seigneur, le condamneraient-ils pour son ineptie ?

Leur chef, qui s’appelait Deltras, s’y refusa. Faisant preuve de l’arrogance qui est le propre des Elyséens, il refusa de jeter le blâme sur ses propres Seigneurs, préférant maudire Zikel. Les mots laissèrent la place aux épées et nous chargeâmes, les décimant comme les couards qu’ils étaient. Certains parmi eux parvinrent néanmoins à s’échapper. La plupart se dirigèrent vers notre ville, où dans leur colère ils massacrèrent femmes et enfants avant que nous puissions les arrêter. Deux d’entre eux purent rejoindre leur terre natale, blessés mais pas vaincus.

Pas encore.


Chapitre 8 - Un ennemi ancien, un ennemi nouveau

Dès notre retour à Pandaemonium, nous commençâmes à rassembler nos forces en préparation d’une guerre contre les Elyséens. Le jour suivant, un nouvel affrontement eut lieu et une guerre totale éclata entre nos peuples. En outre, une nouvelle épreuve nous attendait car les Balaurs, depuis longtemps exilés dans les Abysses, avaient trouvé un moyen d’échapper à leur prison. Leur soif de sang était aussi insatiable que jamais et avec leurs anciens alliés de nouveau à leurs côtés, ils représentaient une réelle menace.

Les Elyséens, en cherchant à se donner des airs d’illuminés avec leur fausse supériorité morale, n’ont réussi qu’à se couper des racines historiques qui donnent leur force aux Asmodiens. Ils veulent oublier leur passé, ignorer le sang qui a été versé en leur nom par nos ancêtres communs, comme s’il s’agissait d’une tâche gênante.

Nous autres Asmodiens faisons honneur à notre passé. Lorsque nous nous retrouvâmes pour la première fois dans les profondeurs de la nuit, blessés mais pas brisés, nous cherchâmes un mot d’ordre qui nous permettrait de reconnaître les nôtres… car nous n’avions pas encore adopté nos nouvelles formes et de nombreux visages étranges s’approchaient de la lueur du feu.

Un murmure traversa les ténèbres : “sang pour sang”. A ce jour, nous ne savons toujours pas qui prononça ce mot le premier… d’aucuns prétendent qu’il s’agissait d’Asphel, d’autres Zikel, d’autres encore disent que c’était Aion lui-même, nous accordant sa bénédiction dans un dernier soupir. Ce qui est sûr, c’est que dès l’aube, sinistre et maussade, ces mots étaient sur toutes les lèvres et nul ne s’inquiétait de leur origine.

Il faut verser du sang, pour venger ceux qui ont versé leur sang pour nous. Et ceux parmi nous qui sont dignes de ce sang, ceux qui sont restés ensemble pour surmonter les dangers des longues nuits qui ont suivi, continueront à se soutenir les uns les autres. Ces quelques mots murmurés ont été transmis à travers les âges, de mère en fils et de père en fille. Ils nous réchauffent et nous préparent au combat.

Désormais, une nouvelle découverte a rendu notre mission d’autant plus urgente. De l’Ether s’échappe constamment de l’atmosphère de notre planète. Nous avons passé des mois à rechercher la source de cette hémorragie à travers les Abysses et Asmodae, alors qu’elle se trouvait devant nos yeux.

Elle réside dans les deux moignons de la Tour. Ils semblent encore liés et émettent des vibrations invisibles l’un vers l’autre, entre les deux moitiés de notre monde déchiré. C’est comme si la Tour de l’Eternité était un membre récemment amputé, la réverbération du lien qui unit encore les deux fragments a donné naissance aux Abysses.

Les Abysses absorbent l’Ether, comme l’eau s’engouffre dans une crevasse. Ainsi, l’Ether se fait de plus en plus rare, ce qui va bientôt affecter nos Daevas et notre planète. L’intégrité d’Atréia est encore maintenue par les liens éthérés tissés par Siel et Israphel lorsqu’ils se sacrifièrent en offrant l’Ether de leur propre corps. Ces liens seront bientôt affaiblis par les Abysses. S’ils venaient à se briser, notre atmosphère s’effondrerait, ce qui signifierait la fin de toute vie sur cette planète.

Il nous reste une solution. La résonance disparaîtra lorsqu’il ne restera qu’un seul moignon de la Tour. La voie est toute tracée : nous devons détruire la Tour de Lumière. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mettre un terme à l’hémorragie d’Ether et préserver les vies des Asmodiens face à l’arrogante tyrannie des Elyséens.

Cette fois, nous n’hésiterons pas. Nos lames ne s’arrêteront pas tant que nous n’aurons pas débarrassé notre monde des crétins orgueilleux qui l’infestent.

Notre destin nous appartient de nouveau. Notre devise, sang pour sang, sera mise en application. Avec le peuple asmodien en armes à mes côtés, je ne faiblirai pas, je ne me déroberai pas. Cette fois, nous n’échouerons pas.

- Kinéas, Praefectus Castrorum des Archons d’Asmodae
"Le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou."
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